Kanyabayonga: Mercy Corps soulage des milliers de familles après les conflits.

Woman sitting in open space among community members.
2025, 21 septembre, Kanyabayonga, RDC, Kavira Makoke Eduige, 30 ans, mère d’un enfant de 5 ans, de retour à Bulindi après avoir fui vers Luofu, elle compte l’argent reçu pour sa famille. Elle prévoit d’acheter des vivres, réparer sa maison endommagée par les combats et couvrir des soins médicaux.
31 Octobre 2025

6871 ménages de la zone de santé de Kibirizi ont reçu une assistance financière pour répondre à leurs besoins de premières nécessités. Cette assistance délivrée du 22 au 26 septembre 2025, par Mercy Corps dans le cadre du projet Assistance stratégique pour une réponse d’urgence (SAFER) visait à leur permettre d’accéder aux vivres, aux articles ménagers de base, aux soins médicaux et autres biens ou services essentiels. Cette intervention a été subventionnée par trois donateurs, à savoir, le ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement du Royaume-Uni, la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de la Commission européenne et enfin, l’Agence suisse pour le développement et la coopération.

Les ménages assistés, estimés à 38 554 personnes, sont composés essentiellement de retournés, une partie de déplacés et des familles d’accueil de localités et aires de santé de Bitongo et de Bulindi, dans le groupement de Kanyabayonga, territoire de Rutshuru, en province du Nord-Kivu. Ces déplacés étaient arrivés dans la zone entre juin et août 2025 en provenance des villages des territoires de Walikale, de Lubero et certains des villages environnant la chefferie de Bwito. S’agissant des retournés, ils étaient revenus, entre juin et juillet 2025, principalement des villages du territoire de Lubero et de Walikale d’où ils s’étaient réfugiés quelques mois plutôt en raison des affrontements entre les éléments du mouvement armé M23 et les forces armées de la République Démocratique du Congo.

En outre, cette communauté a également bénéficié d’une assistance en protection intégrée, ciblant les personnes exposées à des risques de protection, ainsi que de services essentiels en eau et assainissement, contribuant à améliorer leurs conditions de vie dans un contexte post-conflit.

Défis vécus en déplacement et soulagement apporté 

Les familles retournées et déplacées dans le Nord-Kivu font face à des défis multiples liés à l’insécurité, à l’accès limité à la nourriture et à la perte de leurs moyens de subsistance. Les témoignages de familles telles que celles de Kabuo Mahamba et Mumbere Saamoja illustrent les réalités complexes des déplacements forcés provoqués par les conflits armés dans cette région.

Woman sitting inside with community members.
2025, 21 septembre, Kanyabayonga, RDC, Kabuo Mahamba Esther, habitante de Bulindi, âgée de 45 ans et mère de six enfants. Assise sur un banc, elle compte son argent reçu du projet SAFER.

Kabuo, âgée de 45 ans et mère de six enfants, raconte avoir fui à plusieurs reprises, notamment lors des affrontements dans son village en mai 2024. Elle décrit une vie marquée par la peur, la fuite et la précarité alimentaire.  « Des habitants de ces localités commençaient à s’enfuir vers d’autres milieux en passant par chez nous. Cela nous avait créé une panique terrible, dit-elle, avant de poursuivre : « Nous avions immédiatement quitté Bulindi (leur domicile) pour se rendre à Kanyaboyonga et nous y étions arrivés la nuit. (Là aussi), il crépitait de partout et sans relâche durant toute la nuit. On imaginait que nos maisons allaient être touchées par des bombes. » Avec cette situation sécuritaire tendue, Kabuo et sa famille se réfugient dans plusieurs localités, contraintes d’en changer à chaque fois que les combats se rapprochaient d’eux. Privée de ressources et éloignée de ses champs, Kabuo a vécu avec ses enfants une période de grande détresse marquée par la faim avant de revenir dans leur village en début du mois d’aout 2025.

« Nous étions arrivés dans notre famille [à Kamandi au bord du lac Edouard,] ma cousine qui nous avait accueillis, avait un peu de farine de blé qui nous servait à faire des petits pains pour calmer la faim. Mais quand cela est fini, nous avions senti un vrai calvaire comme nous n’avions aucun sou pour chaque fois acheter de farine de maniocs, » relate-elle.

Mumbere et sa famille ont quant à eux fui leur village en avril 2025 pour se réfugier dans différents lieux, notamment à Kanyabayonga, Kirumba et Kaseghe. Ils sont retournés chez eux fin juillet, soit plus de trois mois après leur déplacement. Mumbere évoque les bombardements, les pillages et la fuite en pleine nuit : « Nous fuyions en position semi-courbée pour ne pas attraper des balles perdues », dit-il. À leur retour, ils ont retrouvé leur maison et celles de leurs voisins, marquées par des impacts de balles, encore visibles sur les murs et les portes. Sa femme, enceinte à l’époque, confie : « Je n’attendais que le soir pour manger… même quand il y avait un peu de nourriture, je n’arrivais pas à me rassasier. »

Family of three sit outside their home, smiling.
2025, 21 septembre, Kanyabayonga, RDC, Mumbere (25 ans), sa femme Kahambu (22 ans) et leur fille. Ils sont des agriculteurs de l'Est de la RDC, dont la vie est constamment perturbée par le conflit armé entre M23 et FARDC. Récemment revenus à Kilambo, leur maison de fortune symbolise leur situation précaire. Un soutien financier leur a été fourni pour couvrir, tant soit peu, leurs besoins de premières nécessités.

L’aide humanitaire : un souffle d’espoir

En septembre 2025, Mercy Corps est intervenue dans la zone de santé de Kibirizi pour soutenir principalement des familles retournées, une partie des déplacées et des familles d’accueil, dont celles de Kabuo et Mumbere. L’organisation a distribué une aide financière directe en espèces afin d’atténuer les souffrances vécues pendant les déplacements et après leur retour. Cette assistance permet aux bénéficiaires de répondre à leurs besoins essentiels, comme la nourriture, les vêtements ou les soins, en attendant la récolte de leurs champs et une stabilité alimentaire. A cela, s’ajoute aussi des travaux d’adduction d’eau potable et de redynamisation du comité de gestion d’eau potable pour la communauté locale.

Pour sa part, Patrick Ndjeroh, responsable des activités cash en urgence de Mercy Corps, précise le but visé par cette action humanitaire : « Ce soutien financier répond aux besoins essentiels de chaque ménage, comme la nourriture et les articles de première nécessité, identifiés lors d’évaluations rapides. Les montants à recevoir sont donc adaptés à ces besoins », dit-il. Dès le début de l’intervention, Patrick a appelé les personnes assistées à la bonne utilisation du soutien : « Mercy Corps encourage les participants à utiliser cet argent de manière rationnelle et collective dans leurs familles respectives, afin d’éviter les conflits et de garantir que l’aide serve réellement à améliorer leur quotidien. »

Malgré les traumatismes, ces familles expriment leur satisfaction pour l’assistance reçue. Kabuo témoigne de l’impact concret de l’aide du projet SAFER : « Je vais acheter de la nourriture y compris de la viande, des tenues scolaires, … et des tôles pour réparer ma maison détruite par une bombe. » Elle ajoute avec émotion : « À travers Mercy Corps, je dis merci à tous les bailleurs de fonds. » Mumbere, quant à lui, souligne que l’aide reçue lui permettra de rembourser une dette contractée pour les frais de maternité de sa femme : « Avec le peu que je viens de recevoir, je vais facilement la rembourser. » Pour lui, la priorité reste la farine de manioc et les besoins essentiels de son nouveau-né.

Ces témoignages, parmi tant d'autres, illustrent avec force comment l'aide humanitaire peut soulager les personnes durement éprouvées par les déplacements dus aux conflits armés et autres situations de violence dans l’est de la RDC, où les affrontements et les déplacements massifs qui s’en suivent restent une réalité quotidienne. Les besoins de première nécessité — vivres, articles ménagers de base et autres — demeurent urgents (plus de 21 millions de personnes sont dans le besoin, selon le plan de réponse humanitaire 2025).

L’intervention du consortium SAFER, à travers une assistance financière ciblée, a permis à quelques milliers de ménages de répondre tant soit peu, à ces besoins essentiels. Mercy Corps et ses partenaires poursuivent leurs efforts pour renforcer l’autonomie des populations affectées, afin que cette aide ne soit pas seulement un soulagement ponctuel, mais un appui vers une reprise progressive et durable.