Les défis critiques doivent être surmontés pour le succès du secteur de l’eau dans l'est de la RDC
À la suite de la Journée mondiale de l'eau 2022, Tomas Mosquera, directeur de programme de Mercy Corps pour l'Activité des systèmes d'eau et d'assainissement durables de l'USAID, réfléchit aux possibilités d'améliorer la sécurité de l'eau dans l'est de la RDC.
“Ce que nous visons, c'est la sécurité de l'eau. Cela signifie avoir les infrastructures en place, s'assurer qu'il y a une prestation de services durable et équitable, une gouvernance et des bonnes pratiques d’hygiène pour que les communautés aient un accès durable et fiable à l'eau.”
La sécurité de l'eau est essentielle au développement durable. Elle est au cœur de tout ce que nous faisons, et sans elle, il est difficile de développer l'économie d'un pays ou d'améliorer les conditions de vie. Un mauvais approvisionnement en eau augmente le risque de perturbations économiques, de tensions sociales, voire de conflits.
Dans les centres urbains de Goma et de Bukavu, qui abritent environ 2 millions de personnes, nous voyons ces tensions se manifester fréquemment, avec des quartiers entiers laissés en plan lorsque les services d'eau sont coupés, interrompant leur vie et leurs moyens de subsistance et augmentant le risque de maladies d'origine hydrique car les familles se rabattent sur l'eau du lac ou d'autres sources d’eau non potables. Cette situation est encore plus extrême pour les familles vivant sous le seuil de pauvreté, qui ont du mal à suivre la fluctuation du prix de l'eau aux robinets.
La mauvaise qualité des services d'approvisionnement en eau et la gouvernance limitée dans le secteur de l'eau continuent de freiner les développements dans le secteur de l'eau, laissant plus de 50% de la population sans accès sécurisé à l'eau potable.
“En RDC, la nouvelle loi sur l'eau est une bonne opportunité pour un secteur de l'eau prospère.”
La promulgation de la loi sur l'eau en RDC en décembre 2015 vise à relever ces défis. Elle encourage la concurrence et permet de tester différentes approches pour voir quelles améliorations peuvent être apportées. Bien que la nouvelle loi sur l'eau soit une opportunité dans le secteur de l'eau, elle nécessite encore des mesures d'accompagnement pour assurer une meilleure collaboration entre les acteurs afin de parvenir à une solide prestation de services, qui tienne compte de la disponibilité, de l'accessibilité, de l'efficacité et de la fiabilité de l'approvisionnement en eau.
Notre programme, Activité des systèmes d’eau et d’assainissement durables de l’USAID, a pour but d'atteindre cet objectif et fait suite à un autre programme de sept ans, IMAGINE, qui s'est terminé en mars 2022, laissant derrière lui des infrastructures permettant d'apporter de l'eau potable à plus de 1,1 million de personnes à Goma et Bukavu. Ce programme, qui visait à réduire le taux de diarrhée - deuxième cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans en RDC - s'est efforcé d'apporter des changements au niveau des ménages, afin que les familles aient non seulement accès à l'eau, mais aussi aux connaissances en matière d'hygiène et d'assainissement nécessaires pour assurer la sécurité de leurs enfants.
Investir dans les infrastructures et dans le comportement sanitaire des communautés est une étape importante vers un meilleur accès à l'eau. Le défi que nous relevons actuellement dans le cadre de l’Activité des systèmes d’eau et d’assainissement durables de l’USAID consiste à travailler, en tant que secteur, au renforcement des mécanismes de gouvernance de l'eau, qui partent de l'État pour atteindre les communautés dans le besoin. Cela implique des consultations avec toutes les couches de la société, pour s'assurer que les communautés sont engagées et comprennent qu'elles doivent payer pour les services d'eau, que le fournisseur de services est capable et désireux d'améliorer ses performances pour fournir un service de qualité répondant à leurs besoins, et que l'État, le régulateur, assume correctement son rôle pour garantir que la loi régissant le secteur est respectée. Ce n'est qu'à cette condition que nous disposerons d'un environnement propice à l'investissement. Ce travail de proximité implique d'associer toutes les couches de la société, afin de progresser ensemble vers un modèle de gouvernance de l'eau durable.
Le 22 mars 2022, Journée mondiale de l'eau, nous avons organisé une séance de d’échange avec les conseils locaux de jeunes des quartiers de Mugunga et de Lac Vert, dans le cadre de notre travail visant à donner aux jeunes les moyens d'agir dans les secteurs de l'eau et de l'assainissement. Lors d'un atelier réunissant deux groupes de plus de 16 jeunes, nous avons demandé aux jeunes d'identifier les défis auxquels leurs communautés sont confrontées en matière d'accès à l'eau potable et aux services d'assainissement, et ensemble, nous avons tracé la voie à suivre pour le plaidoyer. Faire participer les communautés, en particulier les jeunes, et s'assurer qu'ils ont leur mot à dire sur la gestion de l'eau et la fourniture de services est essentiel pour garantir des solutions durables et à long terme pour les communautés congolaises.
Le thème de cette année, “l'eau souterraine, rendre l'invisible-visible” est important, et l'Activité “des Systèmes d'eau et d'assainissement durables” de l'USAID a l'intention d'explorer les options en matière d'eau souterraine dans le Nord et le Sud-Kivu, avec des études hydrauliques en cours pour déterminer où des trous de forage pourraient être creusés pour utiliser l'eau souterraine. Aussi important qu'il soit d'explorer de nouvelles sources d'eau souterraine et de s'assurer qu'elles sont exploitées de manière durable, nous devons d'abord nous assurer que les structures sont en place pour les investissements visant à fournir des services à long terme pour cette eau.
Ici, en RDC, il est crucial que nous gardions cela à l'esprit. Les infrastructures doivent être accompagnées d'une fourniture de services équitable et durable, d'une solide gouvernance de l'eau et de la transmission de comportements d'assainissement et d'hygiène qui assurent la sécurité des familles.
Ce n'est qu'à cette condition que nous atteindrons le sixième objectif de développement durable, à savoir garantir la qualité et la disponibilité de l'eau et la gestion durable de l'eau et de l'assainissement pour tous. Dans l'est de la RDC, il ne s'agit pas d'un objectif de niche, mais d'un objectif qui améliorerait radicalement la vie de tous les habitants.
Video credit: Christian Muhindo, Mercy Corps DRC
English version:
Critical challenges must be overcome for the success of the water sector in eastern DRC
Following World Water Day 2022, Tomas Mosquera, Mercy Corps’ Program Director for USAID’s Sustainable Water and Sanitation Systems Activity, reflects on the opportunities for improving water security in Eastern DRC.
“What we are aiming for is water security. This means having the infrastructure in place, making sure there is sustainable and equitable service delivery, governance and good health behaviors to ensure communities have sustainable and reliable access to water.”
Water security is essential to sustainable development. It is at the heart of everything we do, and without it, it is difficult to develop a country's economy or improve living conditions. Poor water supply increases the risk of economic disruption, social tension and even conflict.
In the urban centres of Goma and Bukavu which are home to around 2 million people, we see these tensions playing out frequently, with entire neighbourhoods left in the lurch when water services are cut, interrupting their lives and livelihoods and increasing the risk of water-borne diseases as families revert to drawing water from the lake or other sources. This situation is even more extreme for families living under the poverty line, who struggle to keep up with fluctuating water prices at local tap stands.
Poor quality of water supply services and limited governance in the water sector continue to set back developments in the water sector, leaving more than 50% of the population without secure access to clean water.
A water law to kick off a prosperous water sector
The enactment of a water law in the DRC in December 2015 aims to address these challenges. It encourages competition and allows different approaches to be tested to see what improvements can be made. Although the new water law is an opportunity in the water sector, it still requires accompanying measures to ensure better collaboration between actors to achieve strong service delivery, that takes into account the availability, accessibility, efficiency and reliability of water provision.
Our programme, USAID’s Sustainable Water and Sanitation System Activity aims to do just this, and follows on from our seven-year programme, IMAGINE, which ended in March 2022, leaving behind infrastructure to bring clean water to more than 1.1 million people in Goma and Bukavu. This program, which aimed to reduce diarrhea - the second cause of death for children under five in DRC - worked to bring about change at the household level, to ensure families not only have access, but also the hygiene and sanitation knowledge to keep their children safe.
Investing in infrastructure and community health behaviour is an important step towards improved access to water. The challenge we are now addressing through USAID’s Sustainable Water and Sanitation System Activity is working, as a sector, to strengthen water governance mechanisms that start with the state, and trickle down to communities in need. This implies consultations with all segments of society, to ensure communities are engaged, and understand that they must pay for water services; that the service provider is able and willing to improve its performance to provide quality service to meet their needs; and that the state authorities ensure the sector is regulated and that the law governing the sector is respected. Only then will we have an enabling environment for investment. This outreach means engaging all layers of society, to move together towards a sustainable water governance model.
On 22 March 2022, World Water Day, we organized a brainstorming session with local youth councils in the Mugunga and Lac Vert districts, as part of our work to engage youth to take action in the water sector. In a workshop with two groups of more than 16 youth, we asked the youth to identify the challenges that their communities face in accessing safe water and sanitation services, and together we road-mapped a way forward for advocacy. Engaging communities, especially youth, and ensuring they have a say on water management and service provision is key to ensuring durable, long term solutions for Congolese communities.
This year’s World Water Day theme, “ground-water, making the invisible-visible” is important, and USAID's Sustainable Water and Sanitation Systems Activity intends to explore groundwater options in North and South Kivu, with hydraulic studies currently underway to determine where boreholes could be drilled to use groundwater.
As important as it is to explore new groundwater sources, and ensure they are sustainably exploited, we first need to make sure structures are in place for investments towards long-term service provision of this water.
Here in DRC, it is crucial that we keep this in mind. Infrastructure must be met by equitable and sustainable service provision, strong water governance and the transmission of sanitation and hygiene behaviours that keep families safe. It is only then that we will meet the sixth sustainable development goal, to ensure water quality, availability and the sustainable management of water and sanitation for all. Water security is not a niche objective in DRC, but one that would drastically improve the lives of all residents.