Une assistance d’urgence, rappelle le temps de la paix en Ituri

Three people walking with goods and supplies.
13 Décembre 2021

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“Cette foire me fait revivre le marché de mon village. Il ressemblait à ça avant les années de conflit qui nous ont divisés. On y trouvait des sacs de haricots, de sorgho et de maïs, entassés les uns sur les autres dans les dépôts du marché”, a déclaré Maman Éveline Busi, avec un regard tourné vers les sacs de haricots.

Aujourd'hui, les étals du marché de Fataki, le village d'origine d'Eveline, sont largement vides.

View of the djaiba idp camp in ituri province where mercy corps' emergency program is providing life-saving assistance.
Vue du camp de déplacés de Djaiba, en province d’Ituri où le programme d'urgence de Mercy Corps fournit une assistance vitale. Dans cette province plus de 1,7 million de personnes sont déplacées et près de la moitié de la population, soit 2 885 241 personnes, est confrontée à un niveau de faim critique.

En juin 2021, un conflit armé dans la région avait contraint Maman Éveline et 5 000 autres familles à fuir de leurs villages pour sauver leurs vies. La majorité des personnes déplacées ont fui vers Djaiba dans le territoire de Djugu, province d'Ituri, et se sont réfugiées autour de la base de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUSCO).

Lorsqu'une équipe de Mercy Corps est arrivée dans la région en juin dernier pour évaluer les besoins des personnes déplacées, elle a constaté que la plupart des gens gagnaient à peine 1 500 francs congolais par jour ($75 cents) en travaillant quotidiennement dans des familles autochtones qui les ont reçu. Leurs champs et leurs marchés étaient difficiles d'accès en raison de l'insécurité permanente, ce qui entraînait une augmentation des prix locaux de la nourriture à Djaiba, affectant aussi bien les personnes déplacées que les familles hôtes. Pour s'en sortir, les familles réduisaient le nombre de leurs repas quotidiens, les adultes se privant de nourriture pour nourrir leurs enfants.

En fin septembre 2021, Mercy Corps a apporté une assistance en nourriture et articles ménagers essentiels à plus de 12 000 personnes déplacées et vulnérables membres de la communauté par le biais d'une foire d'assistance à Djaiba.

“Nous dormions sans nourriture et mes enfants n'avaient pas de vêtements. Avec l'aide reçue, j'ai acheté de la nourriture, des articles ménagers et les vêtements dont nous avions besoin. Cette aide m'a beaucoup aidé,” a déclaré Floribert Bubu, père de 6 enfants.

A family sitting together.
La famille de Floribert Bubu devant leur maison dans le camp de personnes déplacées.

Comme de nombreuses familles déplacées à Djaiba, Floribert Bubu et sa femme ont fui pour se mettre en sécurité sans avoir le temps de prendre leurs effets personnels.

“Avec ma femme enceinte et mes enfants encore petits, je savais que nous devrions être parmi les premiers à fuir pour nous mettre en sécurité. Je savais que ma femme aurait du mal à courir, alors j'ai pris un enfant sur mon cou et un autre sur mon dos. Il nous a fallu près de trois heures de marche pour arriver en sécurité. Ma femme a eu besoin de nombreuses pauses en cours de route pour reprendre des forces,” a-t-il déclaré.

À la foire, la famille de Floribert a reçu des coupons monétaires proportionnels à la taille de la famille (ils allaient de 78 à 180 dollars par famille). Lui et sa femme ont pu utiliser ces bons comme monnaie d'échange pour choisir ce qui était le plus important pour leur famille, leur redonnant ainsi le choix et la dignité.

Renforcer les liens

En organisant des foires pour répondre aux besoins des populations déplacées, Mercy Corps travaille en étroite collaboration avec les représentants de la société civile et commerçants locaux des différentes communautés pour choisir l'emplacement du site, les articles à vendre, les vendeurs, et fixer les prix maximum de référence du marché. Cela garantit que les foires imitent un marché compétitif, dans lequel les participants peuvent négocier les prix et la qualité avec les vendeurs eux-mêmes. En outre, cette collaboration de la foire devient un élément crucial pour renforcer la coopération entre les communautés ainsi qu'entre Mercy Corps et la population locale. À Djaiba, cela signifiait qu'il fallait s'assurer que les vendeurs étaient sélectionnés dans chaque groupe ethnique, afin que toutes les communautés se sentent représentées et en sécurité à la foire.

A trader with their goods at a fair.
Cwinya Papy, l’un de 46 commerçants de la foire. Depuis mars 2021, il vit à Djaiba après avoir été obligé de fuir de son village Madroma suite aux conflits armés

“J'ai vraiment apprécié la façon dont Mercy Corps a impliqué les leaders communautaires et nous les commerçants locaux dans l'organisation de la foire,” a déclaré Cwinya Papy, l'un des 48 commerçants qui avaient des produits en vente à la foire de Djaiba.

“La foire nous a permis, à nous vendeurs, de nous retrouver pour discuter des marchandises à privilégier, de la manière de les acheminer sur le site, et même du prix des articles. Ce genre de réunion me rappelle la façon dont nous travaillions dans mon village avant la guerre. Tous les commerçants étaient unis et nous nous parlions comme des frères,” a déclaré Cwinya Papy en secouant pensivement la tête.

Aujourd'hui, la province d'Ituri est plongée dans un conflit armé de plus en plus complexe, avec des déplacements à grande échelle et une insécurité généralisée. L'Ituri compte à elle seule plus de 1,7 million de personnes déplacées, alors que le pays en compte près de 5,5 millions. Près de la moitié de la population en Ituri, soit 2 885 241 personnes, est confrontée à des niveaux de faim critiques.

Pour Henritte Apiyo (36 ans), mère de dix enfants, la participation à la foire a apporté un soulagement allant au-delà de ses besoins fondamentaux.

A person with a child holding a child.
Henritte Apiyo, 36 ans, mère de 10 enfants.

“Cette assistance nous rappelle de nombreux bons souvenirs de la façon dont nous vivions lorsque la paix régnait encore. Nous vivions tous ensemble, nous étions une seule famille. Nous allions au marché ensemble sans regarder qui était à côté de vous, ni l'ethnie de la personne à qui vous achetiez. Il y avait une bonne ambiance comme dans cette foire ici,” dit-elle. “Je n’ai pas envie de quitter ce cadre de la foire.”

En 2021, Mercy Corps a apporté une aide humanitaire d'urgence à 27 000 familles, leur fournissant de la nourriture et des articles pour qu'elles puissent reconstruire leur vie de famille, avec de nouveaux souvenirs pour renforcer les liens communautaires brisés par des années de guerre.

A propos du projet

Cette aide a été rendue possible grâce au soutien généreux du peuple britannique à travers le projet SAFER : Assistance stratégique pour la réponse d'urgence en RDC. Financé par le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO), d'octobre 2019 à novembre 2021 en tant que consortium de cinq membres avec Mercy Corps comme chef de file.

Le Consortium SAFER: Mercy Corps, ACTED, Concern Worldwide, le Conseil Norvégien pour les Réfugiés et Solidarités International fournissent une réponse d'urgence humanitaire coordonnée aux ménages touchés par le conflit (déplacées, retournées et vulnérables des familles d'accueils) par le biais d'une aide d'urgence multisectorielle, y compris l'assistance monétaire à usages multiples (MPCA) et l’eau, l’hygiène et l’assainissement (WaSH). En 2020, les partenaires SAFER ont touchés plus de 950 000 personnes, en ciblant les ménages les plus vulnérables, parmi les déplacés, les retournés et leurs hôtes.

 

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English version:

Emergency assistance, evokes memories of peace in Ituri

“This fair reminds me of the market in my village. It looked just like this before the years of conflict that divided us. There were always sacks of beans, sorghum and maize, piled up one on top of the other in the market depots,” said Mama Eveline Busi, a member of the Mercy Corps’ team, from a SAFER fair held in Djaiba in late September

Nowadays, the market stalls in Fataki, Eveline’s village of origin, are largely empty.

In June 2021, an armed conflict in the area forced Éveline and more than 5,000 other families to flee their villages to save their lives. The majority of those displaced fled to Djaiba in Ituri province’s Djugu territory, sheltering around the MONUSCO base.

When a Mercy Corps team arrived in the area in June to assess the needs of the displaced, they found that most people were earning as little as 1,500 Congolese Francs per day (75 cents) through daily labour. Their fields and markets were difficult to access because of ongoing insecurity, in turn increasing local prices of food in Djaiba, affecting the displaced and permanent population alike. To get by, families were reducing the number of meals they ate each day, with adults skipping food to instead nourish their children.

By the end of September 2021, Mercy Corps had provided food and essential household items to more than 12,000 displaced and vulnerable community members through an assistance fair in Djaiba.

“We were sleeping without food and my children had no clothes. With the help I received, I bought food, household items and the clothes we needed. This assistance helped me a lot,” said Floribert Bubu Bavi, father of six.

Like many displaced families in Djaiba, Floribert Bubu Bavi and his wife fled to safety without time to take any of their personal belongings.

“With my wife pregnant and my children still small, I knew we would need to be among the first to flee to get to safety. I knew my wife would have difficulty running, so I took one child on my neck and another on my back. It took us almost three hours walking to get here safely. My wife needed many breaks along the way to regain her strength,” he said.

At the fair, Floribert’s family received cash vouchers proportional to their family size (these ranged from $78 to $180 per family). He and his wife were able to use the vouchers as currency to choose what was most important for their family, restoring choice and dignity.

Strengthening ties

In organising fairs to meet the needs of displaced populations, Mercy Corps works closely with community leaders to select the site location, market items, vendors and set the reference market prices. This ensures the fairs mimic a competitive market, in which participants can negotiate prices and quality with vendors themselves. Moreover, this collaboration of the fair becomes a crucial element in strengthening cooperation between communities as well as between Mercy Corps and the local population. In Djaiba, this meant ensuring vendors were selected from each ethnic groups, so that all communities felt represented and safe at the fair.

“I really appreciated the way Mercy Corps actively involved community leaders as well as us local traders in the organisation of the fair,” said Cwinya Papy, one of 48 traders who had produce on sale at the Djaiba fair.

“The fair brought us vendors back together to discuss what goods to prioritise, how to get them to the site, and even how to price the items. This kind of meeting reminds me of how we used to worked in my village before the war. All the traders were united and we talked to each other like brothers,” said Cwinya Papy with a thoughtful shake of the head.

Today, Ituri province is engulfed in an increasingly complex and volatile armed conflict, with large-scale displacement and widespread insecurity. Ituri alone has more than 1.7 million internally displaced people, while the country has nearly 5.5 million.

For Henritte Apiyo (36), a mother of ten, participating in the fair brought relief beyond her basic needs.

This assistance brings back many good memories of how we lived when there was still peace. We all lived together, we were one family. We went to the market together without looking at who was next to you, nor the ethnicity of the person you were buying from. There was a good atmosphere like in this fair here,” she said. “I don’t want to leave.”

In 2021, Mercy Corps has reached as many as 27,000 families with urgent humanitarian assistance, providing food and items for them to rebuild their family lives, with new memories to strengthen community ties broken by years of war.

About SAFER

This assistance was made possible through the generous support of the British people through the SAFER: Strategic Assistance for Emergency Response in the DRC project funded by the Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO), from October 2019 to November 2021 as a five-member consortium with Mercy Corps as lead partner. The SAFER Consortium: Mercy Corps, ACTED, Concern Worldwide, the Norwegian Refugee Council and Solidarités International are providing a coordinated humanitarian emergency response to conflict-affected households (IDPs, returnees and vulnerable host families) through multi-sectoral emergency assistance, including Multipurpose Cash Assistance (MPCA) and Water and Sanitation (WaSH). In 2020, SAFER partners supported more than 950,000 people, targeting the most vulnerable households among the displaced and their hosts.