Rubare : Une accalmie fragile, des besoins immenses

Two individuals in DRC work together at a table.
Florence, à la table d’émargement pour recevoir son assistance.
26 Juin 2025

Florence, une jeune mère d’une vingtaine d’années, a décidé de rentrer, comme d’autres personnes, encouragée par une sécurité relative, la reprise des cultures et la rentrée scolaire. Mais à son arrivée, elle découvre sa maison détruite, ses biens pillés, ses récoltes et animaux disparus. « J’avais tout perdu, même les portes de la maison. Il ne restait qu’un bidon d’eau. J’ai dû m’y installer avec mes deux enfants », raconte-t-elle.

Pour survivre, Florence travaille dans les champs de notables locaux. « On me paie jusqu’à 3 000 francs congolais (1 dollar) par jour. Je garde une partie pour payer l’école de mon enfant », explique-t-elle.

Uzamukunda (nom d’emprunt), 63 ans, a été enlevée par des hommes armés. Ils l’ont gardée une semaine, exigeant une rançon. Déjà sans ressources, sa famille a dû emprunter pour la libérer. « Ils m’ont bandé les yeux, attachée, frappée. C’était terrible », se souvient-elle, la voix brisée.

Drc individuals holding hands.
Zamukunda, se dit soulagée après le traumatisme.
Mercy corps employee interviews individual.
Uzamukunda en entretien avec une responsable protection de Mercy Corps.

Ces récits illustrent la dure réalité de Rubare. Les besoins sont énormes : nourriture, abris, soins, éducation. Chaque jour est une lutte pour survivre.

L’assistance qui soulage

En mai 2025, Mercy Corps, avec le soutien de la Howard G. Buffett Foundation, a distribué une aide en argent liquide aux familles vulnérables de Rubare pour répondre à leurs besoins alimentaires urgent après la crise. Cette action est venue en complément de la première intervention menée en décembre 2024 grâce au cofinancement de l’European Civil Protection and Humanitarian Aid Operations (ECHO) et du Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) dans le projet SAFER, qui avait permis aux familles de commencer à se réinstaller.

« Mes enfants vont manger pendant deux mois », témoigne Florence, soulagée.

Uzamukunda, 63 ans, tout juste libérée après son enlèvement, a aussi reçu cette aide : « C’est une vraie surprise. Nous allons pouvoir tenir. »

Grâce à la contribution de la Howard G. Buffett Foundation, Mercy Corps est revenu à Rubare pour renforcer la résilience des communautés, toujours confrontées à l’insécurité alimentaire.

« Aujourd’hui, leur besoin le plus urgent, c’est la nourriture », souligne Patrick Ndjeroh, responsable du programme de distribution chez Mercy Corps.

Mercy corps employee interacts with drc individual.
Malgré les défis, Florence garde espoir pour l’avenir.
Drc woman cooking over open flame.
Après avoir reçu du CASH, Florence n’a pas tardé pour préparer de la nourriture pour sa famille.

En attendant la paix, les besoins restent énormes

Seulement 6 705 familles (33 088 personnes) ont pu bénéficier d’une assistance directe, sur une population estimée 50 000 personnes retournées à Rubare. Bien que cette aide ait apporté un certain soulagement, les conditions de vie restent extrêmement précaires.

Les familles ont survécu à la guerre, mais le besoin d’une assistance supplémentaire demeure crucial pour leur permettre de vivre dignement, en attendant l’instauration d’une paix durable.

Le paradoxe de Rubare, c’est de voir des familles souffrir de la faim dans une région pourtant riche en terres cultivables.

« Je souhaiterais recevoir des semences. Ici, il y a des plantations disponibles, et il est possible de louer un champ à cultiver », conclut Florence avec espoir.

Dans l’attente d’un retour durable à la stabilité, il est urgent de renforcer les efforts humanitaires pour que ces familles, qui ont déjà tant enduré, puissent enfin reconstruire leur vie sur des bases solides et durables.