Goma après l'éruption : Mercy Corps lance une réponse pour éviter les risques de crise sanitaire secondaire pour les communautés privées d'eau

Adults and children wait along a line of jerry cans in Goma.
12 Juillet 2021

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Justine Asifiwe, 21 ans, préparait le dîner pour ses enfants lorsqu'elle a entendu des cris de plus en plus forts à l'extérieur. Sortant de sa maison en précipitation, elle a été stupéfaite de voir des flammes s'approcher au loin, tandis que la lave, rouge et chaude, se déversait sur les flancs du Mont Nyiragongo en direction de Goma.

C’est à cet instant là, que Justine est retournée dans sa maison, prendre ses deux jeunes enfants pour rejoindre la foule qui fuyait vers la frontière rwandaise. Cette nuit-là, la lave a traversé son quartier, détruisant tout sur son passage.

« Tous mes effets ont été calcinés dans la maison », a-t-elle raconté à Mercy Corps depuis un site informel accueillant plus de mille familles non loin de chez elle dans le quartier de Bushara, au nord de Goma.

Justine a été parmi les premiers à retourner dans le quartier, laissant ses jeunes enfants chez des amis et retournant vérifier les dégâts, malgré le risque permanent de gaz toxiques.

« Lorsque nous sommes revenus, nous avons commencé par faire la visite du quartier. Pour nous, la première chose à être visité était l'[infrastructure] de l’eau de Mercy Corps. C'est comme ça que nous [..] avons vu que la grande borne-fontaine et la grande citerne avaient été touchées par la lave », poursuit-elle.

Bien que la coulée de lave se soit arrêtée avant le centre-ville de Goma, les dégâts dans le quartier de Bushara, où se trouve le réservoir d'eau de 5 000 m3 et une importante canalisation d'approvisionnement en eau, ont eu des répercussions immédiates sur le reste de la ville.

« Plus de 550 000 personnes ont été immédiatement privées d'eau, soit plus d'un quart de la ville », a déclaré Tom Mosquera, directeur du programme IMAGINE, qui a dirigé les premières évaluations des dégâts pour Mercy Corps.

Odette Kahambu, 43 ans, résidente de Bushara, observe les dégâts causés par la lave sur le site du réservoir, surplombé par le Mt Nyiragongo. “On puisait beaucoup d'eau ici [mais] à cause du feu du volcan, on ne peut plus”, dit-elle.
Odette Kahambu, 43 ans, résidente de Bushara, observe les dégâts causés par la lave sur le site du réservoir, surplombé par le Mt Nyiragongo. “On puisait beaucoup d'eau ici [mais] à cause du feu du volcan, on ne peut plus”, dit-elle.
Odette Kahambu, 43 ans, résidente de Bushara, observe les dégâts causés par la lave sur le site du réservoir, surplombé par le Mt Nyiragongo. “On puisait beaucoup d'eau ici [mais] à cause du feu du volcan, on ne peut plus”, dit-elle.

 

Le réservoir de Bushara est l'un de deux réservoirs construits par Mercy Corps dans le cadre du programme IMAGINE, financé par le gouvernement britannique. En mars 2021, les deux réservoirs, ainsi que 105 km de conduites d'eau et 185 bornes fontaines ont été remis aux autorités du Sud et du Nord-Kivu afin d'apporter de l'eau potable à 1,1 million de personnes dans les villes de Goma et de Bukavu. 

Le programme a également permis de réduire la diarrhée, deuxième cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans en RDC, de 13,3 % en février 2016 à 5 % en février 2021, en fournissant aux femmes les moyens et les connaissances nécessaires en matière d'hygiène,  pour assurer la sécurité de leurs familles. 

Mais plus d'un mois après l'éruption, les risques de maladies hydriques, de diarrhée et de choléra sont élevés, alors que plus de 400 000 personnes reviennent à Goma après la levée des ordres d'évacuation.
 

Justine fait partie de ceux qui sont affectés par les pénuries d'eau.

« Avant cette éruption volcanique, Mercy Corps nous avait installé des bornes fontaines. Le fait d’avoir l’eau proche de la maison a eu beaucoup de bienfaits. Ma famille puisait jusqu’à 6 bidons d’eau par jour qui nous servaient pour la lessive, la cuisson et même la douche des  enfants. Vraiment on était content d’avoir l’eau. Mais aujourd’hui nous n'en avons plus », dit-elle.

« Mon premier enfant a eu la diarrhée et, l’une de mes amies est maintenant à l'hôpital avec son enfant malade. Tout cela est dû au manque d’eau », dit-elle.

A person in goma.
Justine Asifiwe, 21 ans, plaidera pour sa communauté jusqu'à ce que le système d'eau permanent soit rétabli.

Malgré les solutions temporaires mises en place pour re-connecter les canalisations à un certain nombre de quartiers touchés, les dégâts subis par le réservoir de Bushara réduisent la disponibilité de l'eau pour les communautés. Par conséquent, certaines familles doivent se résoudre à puiser de l'eau dans le Lac Kivu et dans d'autres sources contaminées.

« Actuellement, il n’y a pas d’eau en quantité suffisante. J’ai vu les gens se bousculer pour pouvoir accéder à l’eau. Il y en a qui passent la journée entière à faire la queue à la borne fontaine pour avoir de l’eau », dit-Madeleine Kabuo, 42 ans, mère de huit enfants, se penchant pour remplir un bidon d'eau du lac de la plage du peuple du quartier Himbi.

« Nous avons manqué de l’eau même pour nous laver ce matin, c’est pour cela que je suis venue puiser de l’eau ici au lac », dit Madeleine, qui s'est réfugiée dans la maison de sa fille aînée après que sa maison à Majengo a été détruite par les flammes le soir de l'éruption. « S’il n’y a pas d’eau, comment faire pour lessiver les habits? Comment est-ce que les enfants vont pouvoir se laver ? Ce sont des difficultés pour nous, nul ne peut vivre sans eau », dit-elle.

A person stands with a jerry can by a body of water.
Madeleine Kabuo, 42 ans, au plage du peuple, où elle puise de l'eau du lac depuis l'éruption volcanique.

La crise arrive au pire moment pour les habitants de Goma, alors que le pays entre dans sa troisième vague de COVID‑19 et que le nombre de cas augmente dans tout le pays. Sans un accès régulier à l'eau pour le lavage des mains, les cas de COVID‑19, qui étaient de 3 404 dans la province et de 43,019 au niveau national au 7 Juillet, continuent à augmenter.

Pour éviter une crise sanitaire, Mercy Corps travaille avec d'autres acteurs humanitaires pour fournir aux communautés un approvisionnement en eau temporaire, tout en recherchant des solutions permanentes pour réparer les infrastructures endommagées.

Avec le soutien généreux de Latter-day Saint Charities et de The Starbucks Foundation, Mercy Corps est prêt à effectuer des réparations au réservoir de Bushara, dont les parois extérieures en béton ont été endommagées par la propagation de la lave. Mercy Corps procède actuellement à une évaluation des dégâts causés par la lave au réservoir et, sur cette base, lancera les travaux de réparation nécessaires et appropriés. Ces réparations sont cruciales pour rétablir l'approvisionnement permanent en eau des parties nord de la ville et accompagner les activités menées par le parc national des Virunga et d'autres partenaires pour reconstruire les tuyaux endommagés.

À partir de la mi-juillet, Mercy Corps transportera de l'eau par camion dans les quartiers de Kibati, Buvira, Bujovu et Kahembe, afin d'approvisionner quotidiennement plus de 143 000 personnes en eau, garantissant ainsi aux familles comme celle de Justine une aide en attendant que le réseau d'eau permanent soit rétabli.

« L'eau est essentielle pour la vie. C'est vraiment la priorité pour nous », dit-Justine, qui continue à plaider pour sa communauté.

Mercy Corps travaille en RDC depuis 2007, donnant aux Congolais les plus vulnérables les moyens de surmonter les difficultés et de renforcer leur résilience face à l'une des crises humanitaires les plus urgentes au monde. La RDC compte 5,2 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, soit le deuxième chiffre le plus élevé au monde, et plus de 19,6 millions de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire. L'éruption volcanique perturbe davantage les moyens de subsistance et risque d'aggraver les besoins humanitaires actuels. L'année dernière, Mercy Corps a aidé 3,7 millions de personnes en République démocratique du Congo.

A group children sit together with a jerry can.

English version:

Goma after the eruption: responding to avert risks of secondary health crisis for communities cut-off from water

Justine Asifiwe, 21, was preparing dinner for her children when she heard shouts growing louder outside. Stepping out into the commotion she was stunned to see flames approaching from the distance, as red, hot lava poured down the sides of Mt Nyiragongo towards Goma.

Grabbing her two young children, she joined crowds fleeing towards the Rwandan border. That night, lava caused through her neighbourhood, leaving a trail of destruction.

“All my belongings were burnt in the house,” she told Mercy Corps from a site hosting more than a thousand displaced families not far from her home in the Bushara quarter, in Goma’s north.

Justine was among the first to return to the neighbourhood, leaving her young children with friends and travelling back to check on the damages, despite the ongoing risk of toxic gases.

"When we came back, we started by touring the neighbourhood. For us, the first thing that we wanted to check on was Mercy Corps’ water [infrastructure]. That's how we saw that the big tapstand and the big reservoir had been affected by the lava," said Justine.

Although the lava flow stopped short of Goma’s city centre, damage to the Bushara neighbourhood, home to a 5,000m³ water reservoir and a major water supply pipeline, had immediate knock-on effects for the rest of the city.

“More than 550,000 people were immediately cut-off from water, amounting to more than a quarter of the city” said IMAGINE programme Director, Tom Mosquera, who led Mercy Corps’ initial assessments of the damages.

The reservoir was one of two constructed by Mercy Corps through the IMAGINE program, financed by the British Government; in March 2021, both reservoirs, along with 105 km of water pipes and 185 tap-stands were handed over to the authorities of South and North Kivu to bring clean water to 1.1 million people in the cities of Goma and Bukavu.

The program also saw the reduction of diarrhea, the second most common cause of death in children under five in DRC, from 13.3% in February 2016 to 5% in February 2021, through providing both the means and hygiene knowledge for women to keep their families safe.

But more than one month after the eruption, the risks of water-borne diseases, diarrhea and cholera run high, as more than 400,000 people return to Goma following the lifting of mandatory evacuation orders.

Justine and her family are among those that have been affected by the water shortages.

"Before this volcanic eruption, Mercy Corps had installed tap stands for us. Having water so close to our house brought many benefits. My family was able to fill six jerry cans of water each day which we used for washing, cooking and even bathing the children. We were really happy to have water. But now we don't have it anymore," said Justine.

"My first child had diarrhoea and one of my friends is now in hospital with her sick child. It's all due to the lack of water," she said.

Despite temporary solutions put in place to reconnect pipelines to a number of affected neighbourhoods, damages to the Bushara reservoir mean less water availability for communities with functioning tapstands. As a result, some families are resorting to drawing water from Lake Kivu and other contaminated sources.

“Currently, there is not enough water. I have seen people jostling just to get access to water. Some people spend the whole day at the fountain queuing up to get water," said 42-year-old, mother of eight, Madeleine Kabuo, as she leaned over to fill a water drum from the lake in Himbi quarters’ plage du peuple.

“We didn’t even have water to wash ourselves with this morning, that's why I came here to get water from the lake," said Madeleine, who fled to her eldest daughter's house after her home in Majengo was engulfed in flames on the night of the eruption. "If there is no water, how can we wash our clothes? How can the children wash themselves? It is very difficult for us, no one can live without water,” she added.

The crisis comes at the worst possible time for the people of Goma, as the country enters its third wave of COVID‑19 and cases spike nationwide. Without consistent access to water for handwashing, COVID‑19 cases, which sat at 3,404 in the province and 43,019 nationally as of 7 July, continue to rise.

To avert a secondary health crisis, Mercy Corps is working with the authorities and other humanitarian actors to provide communities in Goma with urgent, temporary water supplies, while seeking permanent solutions to repair the damaged infrastructure.

With the generous support of the Latter-day Saint Charities and The Starbucks Foundation, Mercy Corps is set to carry-out repairs to the Bushara reservoir, which suffered damages to its outer concrete walls due to the lava spread. Mercy Corps is currently conducting an assessment of the lava damage to the reservoir and on this basis will initiate the necessary and appropriate repair works. These repairs will be crucial to restoring permanent water supplies to the northern parts of the city and accompany activities led by Virunga National Park and other partners to rebuild damaged pipelines.

Starting in mid-July, Mercy Corps will be trucking water to the Kibati, Buvira, Bujovu, and Kahembe neighbourhoods, to provide more than 143,000 people with daily water supplies, ensuring families like Justine’s have a help in hand until the permanent water network is restored.

“Water is essential for life. It is absolutely our priority,” said-Justine, who continues to advocate for her community.

Mercy Corps has been working in the DRC since 2007, empowering the most vulnerable Congolese people to overcome hardships and build resilience in the face of one of the world's most urgent humanitarian crises. DRC has 5.2 million internally displaced people, the second highest number in the world, and more than 19.6 million people in need of humanitarian assistance. The volcanic eruption brings further disruptions to livelihoods and stands to worsen current humanitarian needs. Last year, Mercy Corps reached 3.7 million people in the Democratic Republic of Congo.